Ce qui apparaît aujourd’hui comme la série-phare de Jijé est en fait le fruit d’une longue maturation et de multiples influences visuelles. Imprégné par le cinéma et par son voyage à travers les états du sud des Etats-Unis, Joseph très tôt avait déjà une attirance pour dessiner des chevaux. Invité avec Will et Franquin à passer des vacances à la mer en compagnie de la famille Gillain, Morris (Lucky Luke) se souvient : “Pendant tout un été, nous avons dessiné des chevaux. Rien que des chevaux“…

Ce nouveau personnage ne va pas seulement relancer le genre western en BD, il va aussi susciter de multiples vocations : Giraud, Mézières, Derib, Hermann…

Mais le périple américain de Jijé ne lui a pas seulement apporté des paysages et des personnages : très admiratif du travail de Milton Caniff, un cartooniste américain, Jijé encre à présent ses planches au pinceau. Cette technique l’affranchit définitivement de la Ligne claire, et apporte à ses dessins de la profondeur et du relief.

Toute la famille s’est installée à Juan-les-Pins depuis septembre 1951, et Joseph accueille dans son atelier Pierre Frenay, futur aquarelliste, voisin et ami de son fils Benoît. C’est lui qui servira de modèle pour ses croquis préparatoires.

Dès la première case du premier album, le lecteur fait la connaissance avec Pancho. Ce Mexicain rondouillard n’était pas destiné au départ à devenir un personnage récurrent. Mais il revient au début de l’album suivant, Yucca Ranch, et sa présence semble une évidence.