De nombreux lieux de résidence ont émaillés la vie de Joseph Gillain, formant l’enfant qu’il était, puis inspirant tout à la fois le peintre et le dessinateur.

De par l’évolution de la carrière professionnelle de son papa Eugène tout d’abord. Issu de Sart-St-Laurent, et après une période d’apprentissage à Fosses, il est en poste à Gedinne lors de la naissance de Joseph (1913). Puis, ce sera Florennes et Châtelet.

Par sa maman Marie Doffagne, il se plonge dans l’Ardenne et passera régulièrement de longs mois à Corbion et Dohan.

Sa scolarité le fera passer par Maredsous (1928), Charleroi (Université du Travail – premier semestre 1932) et Bruxelles (La Cambre – 1932). A Maredsous, il se lie d’amitié avec Marcel Rodric, le frère d’Annie, sa future épouse.

C’est donc tout naturellement à Dinant d’où est issue Annie que le jeune couple s’établira tout d’abord (1937). Dans l’immédiat après-guerre, ce sera Overijse, La Panne et Waterloo.

Mais la paix retrouvée ne tranquillise pas Joseph et Annie. Le début de la guerre froide et la menace nucléaire fait craindre le pire. Joseph est également très admiratif de la technique des cartoonistes américains et y voit une opportunité professionnelle. Toute la famille, accompagnée de Franquin et de Morris, s’embarque pour leur American Dream.

Un rêve américain qui les envoie d’abord, pour des questions de visas, au Mexique (après avoir traversé en voiture les Etats-Unis, du nord-est au sud-ouest) : Tijuana en 1948, puis Cuernavaca en 1949. Retour en Amérique avec enfin en poche la green card, et la famille s’établit à Wilton dans le Connecticut (1949) avec de courts séjours à New-York.

Retour en Europe. Les longs hivers du Connecticut auraient-ils dégoûté Joseph de la grisaille de notre climat ? Il part s’établir dans le sud de la France, où il retrouvera le plaisir de peindre. Cassis d’abord (1950), puis Juan-les-Pins (1951).

C’est finalement dans une ancienne orangeraie près de Paris, à Champrosay, que toute la famille s’établira définitivement en 1954.

Grand voyageur, il l’était assurément. Bohême aussi peut-être, à la manière de tous les artistes qui créent comme ils respirent. De cette errance, ne faut-il pas simplement voir une recherche incessante de la lumière et de l’inspiration ?