Réalisé en 1935, “Rix” est un pseudo-journal a tirage strictement familial, pastiche de l’hebdomadaire “Rex”. C’est à cette occasion que Joseph publie une page de 8 cases : “Les mirifiques aventures de Dabakoye et Goboya”, bande dessinée qu’il signe, c’est la première fois, “Jijé”.
Avec cette seule référence et sur recommandation de sa soeur Louise, Joseph Gillain est contacté par l’abbé Baijot, éditeur de La Semaine du Croisé. Constatant le succès croissant auprès de la jeunesse d’un titre concurrent qui publie les Aventures de Tintin, celui-ci veut exploiter le même filon et demande donc à Jijé de réaliser une bande dessinée.
Ce sera Les aventures de Jojo. Entre inspiration et plagiat, il est difficile de saisir une limite. Mais la référence à Hergé et son Tintin était pleinement assumée : “C’était bien sûr très Hergé dans le style, mais que pouvait-on faire d’autre à l’époque ? On disait faire un Tintin, comme on dit faire des petits Mickey aujourd’hui. J’avais dessiné un nez pointu à Jojo, de façon à ce qu’il ne fit pas trop Tintin, ce qui ne m’empêcha pas de recevoir une lettre de protestation des services d’Hergé.”

« L’affaire » Bécassine
Lorsqu’il créa son premier personnage de BD, Jojo, Jijé reçut de vives protestations de Hergé qui trouvait que ce personnage était copié sur le sien.
Pour toute réponse, il envoya 3 dessins : Bécassine, Bécassine sans sa coiffe et Bécassine sans coiffe affublée d’une houppe. Hergé aurait-il lui-même plagié Pinchon ?… Il n’y eut plus de suite.
En 1939, le père Damien Leclercq, rédacteur en chef de Petits Belges, contacte Jijé et lui commande une nouvelle “histoire illustrée”. Conscient que la trame narrative est plus riche en mettant en scène un duo, il crée Blondin et Cirage. Inspiration ? Provocation ? La première aventure fait également penser à Tintin : Blondin et Cirage en Amérique. Mais loin d’une image colonialiste qu’on retrouve dans Tintin au Congo, Cirage n’est pas le faire-valoir de Blondin : apportant une touche d’humour, il est le plus débrouillard et souvent le plus vif.
Trois aventures paraîtront entre 1939 et 1942 : en Amérique, Contre les gangsters et Jeunes Ailes. Après la guerre, Hubinon pour les Editions Dupuis publie un unique grand épisode, mais désireux de revenir à une production plus régulière, Jijé reprend la série : Blondin et Cirage au Mexique en 1951 (Joseph y a résidé entre 1948 et 1950), Le nègre blanc et Kamiliola. Cet épisode reprend une idée inachevée de Trinet et Trinette (autre duo de Jijé, autre forte inspiration hergéenne dans le style Jo et Zette) : Du sang dans la neige.
Viendront ensuite Silence on tourne, où on retrouve à la fois certains protagonistes du nègre blanc et de au Mexique, puis enfin la plus loufoques des aventures du jeune duo : les soucoupes volantes.
Pour ce dernier album, il égratigne amicalement Franquin en imaginant une sorte d’antithèse du Marsupilami super héros, ce qui n’empêcha pas Franquin de dessiner lui-même ses propres personnages dans certaines cases de l’album. Autre référence : Blondin et Cirage sont accompagnés d’un savant à moitié sourd, affublé d’une barbichette pointue… et rencontrent le Yéti au Tibet. Ca ne vous fait penser à rien ?